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Épisode 03 - Une histoire d'horreur


À cause de mon pouvoir, je n’ai jamais eu de difficulté à distinguer le vrai du faux. Je n’ai aucun mérite; les gens ne peuvent avoir aucun secret pour moi. Pourtant, je ne sais toujours pas si les fantômes existent. Je sais qui y croit et qui ne veut rien savoir de cette possibilité, mais la vérité, c’est un mystère.

-Palapalapapa! chantonne joyeusement mon amie en s’assoyant en face de moi à la cafétéria de l’école.

Kimi et moi, on s’est liée parce qu’elle est la seule avec qui je suis presque sur un pied d’égalité. Elle, on ne peut pas lui mentir. Mais on peut toujours garder le silence.

-T’as entendu la rumeur? me chuchote-t-elle, tout sourire.

-Quoi?

-Il y aurait un esprit qui roderait dans les sous-sols de l’école.

-C’est pas nouveau comme information.

-Non, mais c’est la bonne journée pour aller enquêter!

Je hoche les épaules.

-Pourquoi pas.

Kimi se relève d’un bond.

-On est parties!

-Laisse-moi juste le temps de former ma petite équipe.

Une quinzaine de minutes plus tard, je descends les escaliers menant aux couloirs sombres suivis de

Kimi, bien sûr, mais aussi de Jub et Cyth.

-Si on se fait prendre là-bas par un prof, on est finies, soupire Jub.

-Bof, commente Kimi.

-T’étais pas obligée de venir, affirme Cyth.

Je leur jette un coup d’œil.

-En fait, je suis assez d’accord avec Jub. Faisons-nous discrètes.

On se promène au hasard dans le dédale de couloirs. C’est à se demander pourquoi une école à besoin d’un si grand sous-sol alors que personne n’a le droit d’y aller. Soudain, sans pouvoir en entendre les propos, je capte une pensée.

-Par là!

Sans plus attendre, je prends sa direction.

Pourquoi je n’ai pas peur? Je ne le sais pas trop moi-même. J’ai crains qu’un fantôme n’ait pas de conscience, mais visiblement, il peut penser. Si quelque chose se questionne, c’est qu’il est possible de le raisonner. Je fais confiance à mon équipe. Je suis certaine qu’on tiendra tête à ce qui est devant nous, quoi que ce soit. Par contre, ce n’est pas le cas de tout le monde. Les autres se demandent si c’était une bonne idée. Télékinésie, communication avec les animaux, obligation de vérité, est-ce que ces pouvoirs peuvent servir face à un esprit?

Devant nous, il y a quelque chose qui ressemble à quelqu’un. Une forme indistincte dans la noirceur.

-Qui est là?! s’exclame Kimi, cherchant une réponse sincère.

Comme le silence persiste, je me concentre sur ce que je suis la seule à pouvoir entendre. Mais tout ce que je saisis, c’est le mot « peur ».

-Nous voulons simplement vous rencontrer pour comprendre ce qui se passe ici, essayai-je de

réconforter l’esprit.

Cyth sourit et s’avance doucement.

-Ce n’est pas un fantôme, dit-elle.

-Et tu sais ça comment? s’énerve Jub.

-Une petite souris me l’a dit.

La souris en question traîne dans les couloirs du sous-sol depuis des semaines. Elle se sauve devant la présence à chaque fois qu’elle la croise.

Je soupire.

-C’est la preuve qu’il y a bien quelque chose qui rôde, mais pas que ce n’est pas un fantôme.

Cyth réfléchit et perd son sourire.

-Tu as raison. C’est un peu flippant.

-À mon tour d’essayer, alors! affirme Jub.

Avant que je n’aie pu réagir, une boîte qui traîne dans un coin se met à voler au travers du couloir et percute le mur au bout, sans rien croiser sur son chemin. La forme vacille.

-C’est un fantôme, blêmie Jub.

-Ou alors elle a évité la boîte, grognai-je. C’est pas comme ça qu’on va réussir à communiquer.

Mais en fait, je ne sais pas plus comment faire. Je m’approche davantage. « Solitude », « pleur », « douleur », ces mots fusent dans ma tête. Je me sens envahi de tristesse.

-Je ne crois pas qu’il y ait le moindre risque. Je ne ressens aucune malveillance.

-J’espère que tu as raison, soupire Kimi.

-C’était pas ton idée à la base? s’étonne Cyth.

-Je voulais juste faire passer le temps!

-C’est fait, dit Jub. Maintenant, on fait quoi? On retourne à l’étage?

-Trouillarde, ronchonne Cyth.

Je ris doucement.

-Tu peux bien parler…

Elles ont toutes peurs. Moi aussi. Je sursaute lorsque la boîte que Jub a lancée bouge à nouveau.

-Jub!

-C’est pas moi, je le jure!

-C’est le fantôme, hésite Kimi. On devrait peut-être…

-Shut! ordonnai-je.

Il est temps de passer à l’acte. De pas rapides, je me dirige vers la forme indistincte qui prend de plus en plus les contours d’un être humain. Maintenant, j’en suis sûre. J’entends ses pensées comme il faut. Ce n’est pas le surnaturel qui bloquait la communication, mais bien le désespoir de la jeune fille. Blottie dans un coin, elle serre dans son point son téléphone cellulaire dont la faible lumière lui procure une drôle d’aura et donne l’illusion qu’elle se trouve debout, alors qu’elle est assise.

La « fille qui n’est pas un fantôme » lève vers moi un regard perdu, emplie d’eau.

-Laissez-moi tranquille, me supplie-t-elle.

Elle est entrée au secondaire cette année. Elle n’a trouvé aucun autre endroit pour se protéger de ses agresseurs. Encore et encore, jour après jour, depuis la rentrée scolaire, elle subit leur assaut. Elle n’en peu plus. Elle est dans ses derniers retranchements. Mais s’il y a une chose que je déteste dans la vie, c’est bien cette forme de torture que les jeunes affectionnent et mettent à exécution sur des innocents, au risque de les pousser à faire une sortie dramatique.

Je lui souris avec toute la bienveillance que j’ai.

-Ne t’inquiète plus, je suis Zab Ca et aujourd’hui, nous allons t’aider.

Derrière moi, Kimi, Cyth et Jub sont dans l’incompréhension totale, mais moi je sais. Aujourd’hui, toutes ensembles, nous allons terroriser des adolescents pour faire cesser les cauchemars d’une jeune fille.

À suivre…


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