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Épisode spécial 05 - Var

  • Isabelle Carrier
  • 19 déc. 2017
  • 2 min de lecture

Étendu sur le gazon, je regarde le ciel et les nuages qui y vivent. Un OVNI qui se déplace attire mon attention. Je lève ma main au-dessus de ma tête et le pointe en mimant la surprise.

-C’est un oiseau? C’est un avion? C’est Superman? Non! C’est Var.

Toute seule, je rigole. Ma sœur est un drôle d’oiseau, en fait. Dans les airs, on a l’impression qu’elle pourrait toucher le monde entier. Elle y croit, alors pourquoi en douterais-je? Le monde, est-il si grand, au fond?

Alors que Var fonce dans la vie tête baissée au risque d’en perdre un membre, il m’est arrivé de penser que les rêves de grandeur nous tuaient de l’intérieur, à cause de l’échec. Mais je crois que c’est elle qui a raison. Ceux qui atteignent la perfection ne sont pas ceux qui sont parfaits, ce sont ceux qui retouchent chaque détail jusqu’à le rendre suffisamment bien pour avoir une apparence d’idéal. C’est presque seulement une question de persévérance. Alors si elle y croit, qu’elle poussera le monde vers le summum de sa gloire, j’y crois aussi.

Var transperce un nuage en mettant un poing devant elle et un autre sur sa hanche. J’éclate de rire alors qu’elle se rapproche à toute vitesse. Bon, elle aime aussi les clichés, c’est évident.

Ma sœur s’arrête d’un coup avant de toucher le sol et se dépose doucement à côté de moi.

-Qu’est-ce que j’ai fait de si drôle, encore? me demande-t-elle.

-Rien de particulier. Je crois que c’est plutôt moi qui me fais rire.

-J’imagine que c’est bien d’être son propre public.

Je hoche les épaules.

-Ais-je besoin d’être du public qu’en tu en es? Je crois que toute la famille s’entend pour dire que c’est toi qu’on préfère avoir dans la salle.

Elle m’offre un clin d’œil.

-Tant mieux!

Je sais que tout n’est pas facile. Var se heurtera à des mûrs, c’est inévitable. Moi aussi, je tomberai. Mais si pour atteindre mon objectif, je dois ramper, je le ferai. Et j’ai la conviction que ma sœur, même si elle ne peut plus se traîner, trouvera un moyen de se rendre au bout de son chemin. Parce que c’est ce qu’elle est, le roseau qui ballotte dans le vent, l’air fragile, mais qui ne casse pas sous les assauts de la tornade.

-Alors, tu viens? s’exclame Var en se dirigeant vers la maison. On a ma fête à fêter!

Moi, je suis Zab Ca et un jour, je deviendrai un roseau.


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