Épisode 5 – le chemin de la maison
Je crois que le froid est un élément essentiel dans une vie. Ceux qui n’ont pas connu cette attaque glaciale qui assaille même les os ne peuvent pas savourer les flammes d’un bon feu, l’abri d’une maison ou même la douceur d’un rassemblement familial. Le froid n’a pour moi qu’une utilité, mais la plus belle de toutes : remarquer la chaleur.
Mon père entre et claque la porte derrière lui. Rapidement, ses lunettes embues.
-Je ne sortirai plus jamais!
Ma mère secoue la tête.
-On verra ça.
Cyth rigole dans son coin. Elle met sa main au feu qu’il va ressortir avant la fin de la soirée. Je suis plutôt de son avis. Ce n’est pas Dan Ca qui pourra rester tranquille à regarder la neige tomber dans sa cour.
Frank entre à son tour et se secoue comme un chien. En deux secondes, il se déshabille et s’effondre sur un divan.
-Je suis prêt!
Je le dévisage.
-Pour quoi?
-N’importe quoi qui n’implique pas de ressortir de la maison.
-Un peu de vaisselle? suggère maman.
-Disons quelque chose de plaisant…
Var entre dans le salon en se dandinant.
-C’est la fêêête, la fêêête, chante-t-elle.
Frank et moi, on se lève aussitôt pour l’accompagner dans sa danse, rejoints en un clin d’œil par Mili. Jid arrive en secouant la tête.
-Trop banal, j’ai déjà de vos danses plein la tête.
Les décorations du sapin quittent alors leur nid et se mettent à voler en rond au-dessus de nos têtes. Papa grogne.
-J’en connais une qui va tout remettre à sa place.
Aussitôt, les objets retournent vers le sapin, mais s’y accrochent plus ou moins, se renversant sur le sol. Jub soupire en nous rejoignant.
-Ça avait le mérite d’être hors de l’ordinaire, bien que peu surprenant, la réconforte Jid.
-Bonne chance pour les remettre dans l’arbre, sourit Cyth.
-Étouffe-toi avec un chocolat de Noël, marmonne Jub, provocant des rires.
-Il suffirait de réfléchir un peu plus avant d’agir, lui suggérai-je, ne récoltant qu’une grimace.
La salle se fait soudainement étrangement étincelante. Elle devient un magnifique jeu de lumière.
-Si seulement je pouvais dessiner ce que je fais voir aux gens, soupire Mili.
Mes yeux s’émerveillent du décor qui a envahi mon esprit.
-Un jour, peut-être…
On rêve probablement tous de communiquer clairement ce qu’on ressent, moi la première.
Dans la cuisine, on entend une exclamation.
-Ça va, maman? s’enquière Var.
-J’ai oublié les légumes!
Papa soupire et remet les bottes qu’il venait d’enlever.
-C’est reparti pour un tour!
Cyth éclate de rire.
Et voilà! La main est sauve.
-Au moins, il fera chaud à ton retour, rigole Frank.
Je suis Zab Ca et eux, c’est ma bande de malades.
-Oui. Je m’arrangerai toujours pour qu’il fasse chaud ici, peu importe qui reprend le chemin de la maison.