Tendre l'oreille
Parfois, on blesse les gens à ne rien faire. Ce n’est pas à cause de mauvaises intentions, c’est juste qu’on ne sait jamais ce que les autres attendent de nous. On ne peut pas y faire grand-chose sauf être plus attentif à eux, les écouter, pour pouvoir s’adapter.
-…Tu… Tu me cherches, hein?
Le gars qui chancelle en fasse de moi est humain.
-Non, pas vraiment. Pourquoi tu penses ça?
Il est blessé au fond de l’âme, mais il est profondément humain.
Il parle de sexe, il parle de violence et de cruauté, mais il pense souffrance et souffrance. Je supporte mal sa colère et sa peur.
-Zab?
Je me tourne vers mes parents en faisant attention de ne pas être dos à l’homme qui continue son histoire incompréhensible en mots, mais tellement signifiante en émotion.
-Allo, papa, allo, maman.
Ils me rejoignent rapidement. Ma mère jette un coup d’œil à l’homme qui jacasse.
-Assez, silence!
L’homme se tait et la regarde. Je souris légèrement.
-Il ne comprend pas pourquoi il t’écoute.
Ma mère ignore mon commentaire.
-Qu’est-ce que tu fais, Zab?
Mon père secoue la tête.
-Je t’ai déjà dit que tu es trop jeune pour faire face à ce genre de gars.
-Je sais quand il me faut partir.
-Oui, mais ça ne te protège pas de tes sentiments vis-à-vis de ces gens.
-Mais si c’est pas moi, qui va s’en occuper?
Ma mère sourit.
-Et nous, alors?
Mon père me sert l’épaule et s’approche du type pour le toucher, mais celui-ci se recule, inquiet.
-Ne bouge plus, lui ordonne ma mère. Calme-toi.
Mon père s’approche encore et le touche. Je hoche la tête.
-Oui, il est intoxiqué. Et blessé à la jambe.
Mon père se tourne vers moi.
-Tu peux y aller, on s’en occupe.
Je soupire, mais commence à m’éloigner lentement. Avec ses mots, Ma mère conduit l’homme à s’asseoir par terre. Mon père commence à soigner sa jambe, puis il fera disparaître le poison de son sang.
Je sais qu’ils ont raison. La douleur des autres me fait souffrir.
Mais je suis Zab Ca et je refuse de m’isoler dans un cocon douillet.
Le monde se compare parfois à l’enfer, mais je suis bien décidée à montrer aux gens à vivre heureux malgré tout, simplement parce qu’ils le veulent.